Étude du taux de croissance secondaire d’arbres anciens dans la forêt mixte tempérée du sud du Québec en fonction de la latitude, de l’exposition et de l’inclinaison des stations
Thomas Labelle (1), Dr. Normand Villeneuve (2)
(1) Département des sciences de la Terre et de l’environnement, Université d’Ottawa
(2) Direction de la protection des forêts, Ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs du Québec
Thomas Labelle (1), Dr. Normand Villeneuve (2)
(1) Département des sciences de la Terre et de l’environnement, Université d’Ottawa
(2) Direction de la protection des forêts, Ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs du Québec
Les forêts anciennes au Québec sont protégées des activités de prélèvement par leur statut d’écosystèmes forestiers exceptionnels, en plus d’être des havres de biodiversité. Dans cette étude, nous désirions déterminer si le taux de croissance secondaire de tiges d’arbres anciens varie en fonction de la latitude, de l’exposition et de l’inclinaison des stations sur lesquelles elles croissent. Trois espèces d’arbres climaciques furent considérées : Acer saccharum Marshall, Betula alleghaniensis Britton et Tsuga canadensis (Linnaeus) Carrière. Les données d’âge, de latitude, d’exposition et d’inclinaison des tiges anciennes proviennent de relevés dendrométriques effectués par des préposés à l’inventaire dans 15 écosystèmes forestiers exceptionnels du type forêt ancienne, selon la définition du Ministère de la Faune, des Forêts et des Parcs du Québec. Une sonde de Pressler fut utilisée pour extraire des carottes des arbres anciens. Le nombre de cernes de croissance fut par la suite compté sur les carottes prélevées, tandis que la latitude et l’exposition furent déterminés par une boussole. Un clinomètre fut utilisé pour mesurer l’inclinaison des stations. Certains âges furent extrapolés dû à des carottes incomplètes. Les données furent stratifiées par domaines bioclimatiques et sous-zones de végétation pour ne garder que les domaines et sous-zones les plus méridionaux de la province. Au total, 98 tiges anciennes furent retenues. Pour l’ensemble des espèces d’arbres retenues, l’hypothèse est que chaque paramètre stationnel a un effet sur les taux de croissance secondaires des tiges. Des taux de croissance bas, diminuant avec l’âge des arbres, sont prévus sur les stations exposées vers le nord, là où le rayonnement solaire moins intense ralentit la croissance; au nord de l’aire d’étude géographique de l’ensemble des forêts anciennes étudiées, qui présente une saison de croissance plus courte qu’au sud et sur les stations présentant une inclinaison plus prononcée, qui rend leur prélèvement plus difficile. Plusieurs analyses de régression linéaire effectuées avec le logiciel R ont révélé que l’exposition (R2 = 0.1009 et p = 0.001438) et l’inclinaison de la pente (R2 = 0.05201, p = 0.02391) ont un effet significatif sur une transformation logarithmique du taux de croissance secondaire. La latitude n’a aucun effet significatif sur le taux de croissance secondaire, tandis que lorsque combinée à l’inclinaison de la pente, l’exposition (R2 = 0.1337, p = 0.001096) a un effet significatif sur le taux de croissance secondaire, alors que l’inclinaison de la pente n’en a aucun. Les résultats montrent que le modèle de régression linéaire multiple retenu n’explique qu’une faible partie de la variation du taux de croissance secondaire. Ceci s’explique par la faible taille de l’échantillon, l’erreur associée aux âges des tiges extrapolés et un choix de variables indépendantes qui omet certains paramètres qui pourraient s’avérer plus importants pour la croissance des arbres que ceux retenus dans la présente étude, comme le drainage et l’épaisseur des sols. En conclusion, il fut possible d’observer une relation faible entre le taux de croissance des tiges d’arbres anciens et l’exposition et l’inclinaison de la station dans le site d’étude. La connaissance de ces facteurs écologiques stationnels sert d’appui à l’identification de tiges d’arbres plus anciennes pour un diamètre donné.